
La légende de Minia
( Claude Achille )
Là d’où je vous parle, la vie est si
forte que même les pierres parlent,
les animaux et les plantes vous regardent
et bien des fois ils se posent cette question :Pourquoi nous ont-ils oubliés ? …
Il y plus de trois mille ans de cela, alors que même les Celtes étaient encore
dans leur lointain pays, le peuple d’Armorique vivait en paix sur les terres du grand voyage.
Rien ne troublait l’équilibre naturel de la vie et la jalousie n’existait pas
dans l’esprit des gens, il y avait bien sur, un chef dans chaque village, mais il
était souvent choisi par mis les plus vieux des sages, car à cette époque l’expérience
de la vie avait valeur de sagesse. Le conseil des patriarches l’aidait dans sa tache de
gestionnaire des petits problèmes de décision communautaire :
Qui ? De savoir si les réserves du village étaient suffisantes pour passer un hiver
confortable.
Qui ? De décider si son fils devait partir chercher une compagne dans un village
voisin.
Bref une vie loin de toutes querelles. A cette époque, le clam vivant sur la
frontière des deux piliers de l’univers ( la mer et la terre) ce nommait les « Paotred an aod
», leur chef un fier patriarche avait une fille unique qui portait le doux nom de
Minia. Sa beauté était admirée de tous. Déjà à sa naissance les femmes du village
étaient en extase devant cette si belle expression de la grâce et de l’innocence.
Les années distillèrent, lune après lune, au regard de Minia, penchée chaque jour
sur son miroir de bronze, le reflet d’un très belle jeune femme. Elle prenait grand
soin de tout son corps, à tel point qu’elle refusa d’accorder, lorsque l’âge d’épousailles
arriva, sa main aux nombreux prétendants qui firent leur demande à son père.
Trouvant à celui-la le nez trop long, à celui-ci les dents mal chaussées ou encore
des gambes tordues, mais surtout qu’ils manquaient tous de grâce et d’élégance,
bref Minia avait une très haute opinion de son image.
Chaque matin, au levé du jour, elle allait
dans les prés, cueillir les perles de la nuit pour faire sa toilette. La vieille
Koufenn lui avait juré qu’avec cette eau du ciel jamais elle ne verrait son visage
être marqué par les sillons du temps qui passe.
C’est par un petit matin des équinoxes que le drame arriva.
Penchée au-dessus de son vase d’eau du
ciel, elle vit sur son visage, là tout près de ses yeux noisette, un petit pli sur sa
peau, s’était la marque d’une fine ride naissante.
Ce fût un choc si fort, une émotion si
profonde, qu’un cri intense sorti de sa poitrine, où du moins elle le crut, car
personne ne vint troubler cet instant de colère. Elle maudissait l’eau du ciel, elle
maudissait le temps, cet ingrat. Elle hurla au monde sa haine, à tel point que même
les oiseaux arrêtèrent de chanter.
Après deux bonnes heures de lOVHtations, un bourdonnement entêtant lui captura
l’esprit
:
- Pourquoi pleurer ainsi ? Semblait lui dire ce murmure.
Sans chercher à voir qui pouvait ainsi parler à son oreille, elle expliquât son
grand malheur et la haine profonde qu’elle avait de se voir défigurée.
- Pourquoi ne pas emprisonner le temps ? Lui répondit la voie.
- Le temps ? … Mais comment ? .. Le temps n’est pas vivant !
- C’est vrai, mais les choses ne sont-elles pas comme nous les faisons ?
- Dis-moi, toi qui te dis si savant, comment garder à jamais le temps arrêté ?
- Nous sommes à deux jours du solstice du printemps, il te faut apprendre par cœur une formule
magique et suivre mes recommandations à la lettre, sans discuter ni te tromper !
… Dit le bourdon d’un ton sec.
- Mais que me demanderas-tu en échange de ce secret ? Dit Minia inquiète.
- Rien ma belle ! Rien, puisque moi aussi je veux
vivre éternellement. Je ne peux pas emprisonner le temps moi-même, c’est impossible pour
le bourdon que je suis. Associons nos forces ! … Insista l’insecte.
- Très bien, marcher conclu ! Répondit Minia sans même chercher à regarder ce personnage bien
étrange.
- Alors écoute-moi bien ! Dit le bourdon en baissant la voie.
- Demain matin tu cueilleras l’eau des fleurs, tu ramasseras de l’argile grise de l’estran
et tu prendras le bois sec de l’If des quatre chemins. Tu fabriqueras un pot avec la terre
d’estran et l’eau des fleurs que tu cuiras vingt heures dans le feu de l’If. Après
demain quand la pleine lune du premier printemps se lèvera, tu partiras sur l’estran et dans
la vasière tu creuseras un trou d’un pied de profondeur, là au fond du trou tu poseras
le pot de terre et les bras écartés tu prononceras une formule magique en regardant la souris
de dame lune. Le temps rentrera dans le pot et tu reboucheras le trou de vase sur
lui. Ainsi le temps prisonnier s’arrêtera de compter les jours ! ...
- C’est trop simple ! Affirma la prétentieuse Minia.
- Non ce n’est pas tout, chaque pleine lune tu devras te rendre près de la prison de vase
pour y réciter les paroles magiques, afin de garder ce sortilège efficace. Il te faudra,
jeune damoiselle, être très discrète car personne ne doit connaître notre secret
! … Le bourdon s’approcha de l’oreille de Minia et dans une langue, que seul les
grands mages connaissent, récita les paroles magiques.
Toutes les instructions du bourdon furent
faite par la jeune femme, elle prit grand soin dans le choix de chaque chose et le
soir tant attendu, elle prit la direction de la vasière qui se nomme aujourd’hui «
la baie de l’enfer », à chaque pas ses pieds s’enfonçaient dans le sédiment meuble et
son regard cherchait autour d’elle s’il n’y avait pas d’espions ou de curieux à
l’observer. Elle choisit sa cachette avec soin et creusa un trou d’un pied de profondeur,
posa le pot de terre en son fond et regardant la souris de l’astre de la nuit, prononça
la formule plusieurs fois jusqu'à ce qu’elle sente un vent chaud passé et tourner autour d’elle et rentrer dans
le pot. D’un geste rapide elle reboucha le trou, puis les traces de pas dans la vase
et enfin se lava les mains et les pieds dans le petit ruisseau d’eau douce qui cour
sur la grève. Elle rentra chez elle en sautant de joie et en chantant à la gloire de son
ami le bourdon. L’éternelle beauté de sa vie faisait chaud à voir, elle resplendissait de bonheur.
Ce soir là, sous les blocs de roche de l’estran, un petit animal marin, qui
cherchait sa nourriture, avait vu toute la scène. Une jeune Blennie qui, comme tout le monde
sait, connaît la langue des druides et des mages, compris tout de suite ce que Minia
venait de faire au temps. Elle resta longtemps à observer l’endroit où le temps était enterré,
attendant peut-être que quelqu’un vienne sauver le monde, puis elle partit dans une
marre profonde pour raconter au autres habitant de l’estran ce qu’elle venait de voir.
Elle expliqua aux animaux présent le malheur qui était arrivé cette nuit. Gobies,
chabots, crevettes, crabes, anémone, mais aussi bigorneaux,bernik, nasses, littorines
pour tout dire toutes la marre réunie était effrayée et très en colère à la fois. Tous
avaient désigné dame blennie, puisqu’elle avait tout vu, pour qu’elle se rende sur-le-champ
au palais lacustre de la reine des océans, las-bas où les laminaires cachent le château
de lumière, emplacement sacré du tribunal des profondeurs.
Profitant des courants marins d’équinoxe,
blennie parcouru le chemin qui la séparait des grandes laminaires en un temps record,
pour un si petit poisson, il faut dire aussi que la situation était grave.
Le temps étant emprisonner, chaque jour recommençait sans fin identique à la veille,
tous étaient figés dans un éternel recommencement, vivant sans arrêt la même journée. La nature
entière des évènements était identique jour après jour. Cela faisait cinq jours entiers
que blennie essayait de réaliser son voyage sans succès, quand la force de la marée
d’équinoxe ouvra la grande porte du palais magique des profondeurs.
Le pauvre petit poisson de roche n’en croyait pas ses yeux, la taille de la place
lui semblait gigantesque, elle grouillait de sons, d’odeurs, d’ondes étranges, une
foule d’animaux marins de toute sorte allaient et venaient dans tous les sens, la seul
voie d’accès vers la maîtresse des océans pouvait accueillir une armée d’au moins
mille blennies.
Arrivé près de la grotte des audiences, entouré de ses conseillés sa seigneurie
des eaux salées le désigna de sa nageoire dorée. Un énorme saumon poussa blennie jusqu’au
centre de l’assistance. Face au seigneur son cœur bondissait si fort dans sa poitrine
qu’il crut mourir de peur, mais les mots sortirent de sa bouche sans effort.
- Mon seigneur, je viens de l’estran, une jeune
femme du nom de Minia à fait prisonnier le temps dans un pot de terre. Ailler pitié
de nous, votre majesté, aider-nous, libérer-nous de cette malédiction ! …
- Je sais tous cela depuis peu de temps et j’ai fait demander le plus grand magicien des
hommes. Dit la reine en montrant de sa nageoire un vieil homme assis permis ses conseillés.
- Je te présente le très grand druide Merlin, ami du petit peuple des fées et grand enchanteur,
le seul qui à pouvoir d’agir sur la vie des êtres qui respirent hors de l’eau. Il
paraît ( dit la reine avec un grand sourire ) qu’il est immortel ! …
Blennie regarda le grand magicien dans les yeux et il sentit une forte chaleur
envahir tout son corps. Merlin dans un grand mouvement de la main, fit disparaître tout
autour de lui. Blennie crut mourir entouré dans la brume glacée du voyage. Puis il
retrouva ses esprits et reconnu sa marre, son caillou, ses amis qui regardaient tous
dans son dos. Il se retourna et trouva, assis sur un gros bloc de roche, maître
Merlin qui lui souriait.
- Dit moi petite connais-tu autre chose que le
petit trou de ta marre, te sens-tu capable de courage et de patience ? …
- Heu ! Oui je crois, mais pouvez-vous vraiment nous aider ? …
- Très bien, écoutez-moi jeune habitante de l’estran, le sortilège qui a frappé le temps peu être
rompu, il vous faudra tous vous rendre le jour de la pleine lune, près de la cachette
de Minia, là où elle a emprisonné le temps. Vous devrez avec vos nageoires, votre corps,
vos pattes, queues et tous ce que vous voudrez, rendre la vase molle et collante tout autour
de l’emplacement ou le pot est caché. Le ferez-vous ? … Dit Merlin en les regardants
dans les yeux les uns après les autres.
- Facile ! Dit blennie qui jouait un peu la chef. Nous ferons comme vous le désirer, mais
si Minia nous voie, ne risque t’elle pas de nous détruire ?
- Ne t’inquiète pas je vais de ce pas voir le roi des moustiques qui se chargera de faire
diversion. Il faut absolument qu’elle tombe sur la prison du temps pour que le charme
se brise et que le temps reprenne sa place dans votre univers, c’est aussi simple que
cela. Le ferez-vous ?
Ce fut un oui ! Unanime. Toutes les bonnes volontés de l’estran étaient motivées
pour faire ce que l’enchanteur leurs demandait.
Une légère brume enveloppât l’enchanteur,
puis un éclair de lumière et plus rien, Merlin avait disparu, les laissant là sur
l’estran, ne sachant plus combien de temps s’était passé, ni s’ils avaient rêvé. Combien
de temps devraient-ils attendre ? … C’est blennie qui parla la première.
- Il nous suffit de commencer cette nuit et toutes les nuits suivantes !
Dit blennie toute fière d’être l’héroïne de la situation.
Le soir même, la lune était déjà très haute dans le ciel, quand Minia apparue
sur la grève. Elle avançait avec précaution regardant tantôt à gauche, tantôt à droite
comme s’y elle présentait un événement. La vasière devint sombre tout à coup, un
petit nuage cachait la lune et comme par enchantement l’ombre du nuage suivait la
jeune femme pas à pas. Arrivée près de sa cachette Minia, toujours inquiète, regarda
à ses pieds.
- Mais la vasière bouge ! Dit-elle à haute voie.
C’était bien-eux, nos amis de l’estran, avec blennie en tête. Tous s’agitaient sur
la surface du sédiment pour rendre cette vase si molle que Minia commençait à s’enfoncer
jusqu’aux genoux. C’est alors que le petit nuage descendit du ciel avec un bourdonnement
incroyable. C’était le roi des moustiques qui arrivait avec une armée de plusieurs
million de soldats.
Ils piquent, tournent et repiquent encore et encore, rendant la jeune femme folle
de colère. Elle battait l’air de ses bras, gesticulant en brassant le vide dans
tous les sens, jusqu'à son inévitable chute dans la vase.
Elle s’écroulât, juste sur l’emplacement
qu’elle avait creusé pour le temps, qui, pour le coup, fût libéré de son piège.
Un vent très fort et chaud tournoyât
sur place, soulevant les cheveux et emportant les vêtements de Minia qui poussait des
cries horribles. Tous regardaient ce spectacle hallucinant. Le corps de la jeune femme
s’enfonçait dans la vase, en quelques secondes, on ne voyait plus que la tête
de Minia avec près de ses oreilles ses mains et sous son menton ses deux pieds qui dépassaient.
Sa chevelure se déformât pour prendre la forme d’une carapace de couleur verte, ses
pieds rentrèrent sous sa tète et ses doigts se transformèrent en pattes ainsi que ses pouces en pinces.
- Oui ! Minia était de venu un crabe vert, elle prit la fuite en marchant de
travers, laissant derrière elle que le son de ses plaintes et les traces de ses pattes.
Personne n’entendit plus la voie de la jeune femme implorer la grande déesse de
garder le temps arrêté.
Depuis trois mille longues années aucunes personne n’a cherché à libérer Minia de
ce sortilège.
Si vous entendez une nuit de pleine lune, chanter le vent dans les goémons. Si vous
percevez une voie étouffée qui chuchote à votre oreille, des cantiques dans une
langue inconnue !
Partez sur-le-champ de cet endroit, ne vous retournez pas, le temps n’a jamais
oublié ce qu’une jeune femme lui avait fait.
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